Nous voici aux prises avec une jubilatoire parodie de roman d'espionnage, hésitant entre Les Pieds Nickelés, OSS 117, Les Barbouzes ou La Panthère Rose. L'intrigue est hautement improbable, les personnages farfelus, les rebondissements tirés par les cheveux et pourtant la mécanique fonctionne pour plusieurs raisons. Pour ceux qui ne pourraient se passer d'un résumé, disons que ce roman raconte l'enlèvement d'une certaine Constance, jeune femme par ailleurs tout à fait banale, pour la conditionner en vue d'une mission spéciale en Corée du Nord, dont elle reviendra vivante mais pas déniaisée.
Jean Echenoz, c'est d'abord une langue particulière, un style suranné et des pépites de phrase pour accrocher l'intérêt du lecteur. C'est surtout une parfaite maîtrise des codes du roman d'espionnage pour mieux les détourner : héroïne insouciante et manipulée, hommes de main maladroits et gaffeurs, jeune fille énamourée, secrétaires amoureuses, personnages louches à lunettes noires et mallette menottée au poignet, demande de rançon et envoi d'un doigt sectionné pour se montrer convaincant, nettoyage de scène de crime, …